Lecture : Petit manuel de résistance contemporaine

Morceaux choisis : Petit manuel de résistance contemporaine

Réalisateur du documentaire à succès Demain et instigateur de la Convention citoyenne pour le climat, Cyril Dion a publié son Petit manuel de résistance contemporaine au printemps 2018. C’est pendant l’été suivant que je me suis plongée dedans : une lecture qui m’a profondément marquée. Elle est en effet à l’origine de mon choix de me spécialiser dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat féminin. Mais aussi de celui de tenter l’aventure du mandat local !

« Selon moi, il ne s’agit pas de prendre les armes, mais de transformer notre façon de voir le monde. De tous temps, ce sont les histoires, les récits qui ont porté le plus puissamment les mutations philosophiques, éthiques, politiques… Ce sont donc par les récits que nous pouvons engager une véritable « révolution ». » (p.14)

« Mais si vous avez eu le courage de lire ce premier chapitre, vous avez certainement compris que la situation est grave, sans doute plus grave que vous ne le pensiez. La question suivante que nous pourrions nous poser est : avons-nous encore du temps devant nous pour résoudre tous ces problèmes ? Au regard des dernières contributions sur le sujet, il est raisonnable d’en douter » (p.28)

« Pour moi, ce débat opposant action individuelle et collective est biaisé. Il est posé comme s’il fallait choisir entre les deux, alors qu’il paraît évident qu’il ne faut pas agir seul ou à plusieurs, dans notre quotidien ou politiquement, mais qu’il est nécessaire de faire l’un ET l’autre. » (p.38)

« Pour engager des transformations politiques d’envergure, les citoyens ont besoin de responsables politiques courageux, qui ont eux-mêmes besoin de citoyens par millions pour les soutenir. » (p.41)

« Pour faire tomber ou muter des systèmes, il est nécessaire de faire coopérer des millions de personnes. Et, comme nous allons le voir, la meilleure façon d’y parvenir est de construire un nouveau récit. » (p.46)

« Que pèse une campagne d’ONG face à des millions de messages contraires délivrés chaque jour par les marques, les chaînes, les « influenceurs » de toutes sortes qui inondent les réseaux sociaux ? (…) Nous avons besoin de récits qui nous rassemblent, nous permettent de coopérer et donnent du sens à notre vie en commun. » (p.54)

« Ce que j’appelle « les architectures », sont donc ces éléments structurants qui régissent nos vies sans que nous en ayons forcément conscience, contribuant à orienter nos décisions, nos actions, monopolisant notre temps et notre énergie. Les lois, la nécessité de gagner de l’argent et les algorithmes informatiques portés par les écrans en constituent trois particulièrement puissantes. » (p.77)

« Nous avons besoin de rêver, d’imaginer quelles maisons nous pourrions habiter, dans quelles villes nous pourrions évoluer, quels moyens nous utiliserions pour nous déplacer, comment nous produirions notre nourriture, de quelle façon nous pourrions vivre ensemble, décider ensemble, partager notre planète avec tous les êtres vivants. Petit à petit, ces récits d’un genre nouveau pourraient mâtiner nos représentations, contaminer positivement les esprits, et, s’ils sont largement partagés, se traduire structurellement dans des entreprises, des lois, des paysages… » (p.82)

« Résister en ce début de XXIème siècle commence donc, selon moi, par refuser la colonisation des esprits, la standardisation de l’imaginaire. » (p.83)

« Imaginez, si l’ensemble de l’énergie productive et créative des personnes qui travaillent chaque jour sur la planète n’était pas concentrée à faire tourner la machine économique, mais à pratiquer des activités qui leur donnent une irrépressible envie de sauter du lit chaque matin, et que cette énergie soit mise au service de projets à forte utilité écologique et sociale… Il y a fort à parier que le monde changerait rapidement. » (p.95)

« En transformant notre fiction individuelle, nous proposons à ceux qui nous entourent le ferment d’un récit collectif. Et lorsque ce récit sera suffisamment partagé, il sera temps d’unir nos forces, par millions, pour modifier les architectures qui régissent nos vies. D’engager la bascule. Quand ? Je n’en ai pas la moindre idée. Comment exactement ? Je n’en sais rien non plus. Est-ce que l’effondrement écologique n’aura pas déjà eu lieu ? C’est possible. Mais quel autre projet adopter ? Chaque jour est une petite bataille à mener. Une opportunité de créer une autre réalité. Et cela commence aujourd’hui. » (p.140)


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