Mieux accompagner les entrepreneuses

Entrepreneuriat féminin: les femmes ne sont pas des entrepreneuses comme les autres!

Seulement 30% des chefs d’entreprise sont des femmes. Malgré les aides et les dispositifs, ce chiffre stagne depuis 30 ans, alors même que près de 70% des femmes pensent que l’entrepreneuriat est plus épanouissant que le salariat. Comment sortir de ce paradoxe?

Régulièrement, je suis interpellée sur mon positionnement stratégique: on me demande pourquoi j’ai décidé d’accompagner spécifiquement les femmes dans leur démarche entrepreneuriale. Il y a plusieurs éléments de réponse à cette question.

Tout d’abord le fait que depuis 2011 -lancement de mon activité de consultante-, j’ai une clientèle constituée à 99,9% de femmes. Et que j’apprécie tout particulièrement de travailler et collaborer avec des femmes. D’une certaine manière, j’ai simplement pris acte de la situation 🙂

Mais aussi ma propre recherche de « sens », me conduisant à concilier mes convictions féministes et environnementales avec mon activité professionnelle. Les femmes créant majoritairement des business locaux avec une dimension responsable, les aider à les développer me permet de contribuer à la fois à reformer un tissu économique plus résilient face aux changements climatiques et à favoriser l’empowerment féminin (vous pouvez lire mon manifeste pour en savoir plus).

Photo via Cowomen sur Unsplash

Un troisième argument, économique celui-ci, pourrait être que les femmes se forment et se font plus volontiers accompagner que les hommes dans leurs projets d’entreprise et que mon offre répond à ce besoin.

Mais la principale raison qui me motive à m’adresser spécifiquement aux femmes qui souhaitent créer et développer leur business, c’est tout simplement qu’elles ne sont pas des entrepreneuses comme les autres. Elles se trouvent dans une situation particulière (elles sont sous-représentées dans l’entrepreneuriat) et ont aussi des attentes spécifiques en matière de création d’entreprise.

Seuls 18% des entrepreneurs sont des mères

Alors que la parité professionnelle progresse, depuis 30 ans, les femmes continuent de ne représenter que 30% des créations d’entreprises. Et elles seraient 80% à ne pas pouvoir en vivre, aïe! Cet article récent analyse bien les obstacles spécifiques auxquelles elles se heurtent, qui expliquent cette sous-représentation des femmes dans l’entrepreneuriat.

Principal frein: leurs contraintes familiales et les stéréotypes sexistes liés à la maternité. Seules 18% des entrepreneurs sont des mères! Le fait d’être mère a non seulement un impact sur le passage à l’acte en matière d’entrepreneuriat, mais également sur les manières d’entreprendre. Les mères choisissent des activité traditionnellement « féminines », sont moins présentes dans les secteurs innovants et ont moins recours aux financements.

Il existe bien une approche de l’entrepreneuriat spécifique aux femmes, moins axée sur l’économique, plus globale, plus « sociale », et s’appuyant sur des qualités plus développées chez les femmes (par exemple une meilleure gestion financière), conclut l’article.

Photo via Cowomen sur Unsplash

Un manque de modèles inspirants

Parmi les autres freins que rencontrent les femmes dans l’entrepreneuriat, on trouve évidemment le fameux manque de confiance en soi (dont la campagne d’Always #likeagirl avait montré qu’il se construit dès le primaire), qui débouche sur l’autocensure, leur tendance à faire passer les besoins des autres avant les leurs ou encore leur vision de l’argent et de la réussite. Seulement 11% des femmes entreprennent pour gagner plus d’argent. Elles ont également tendance à entreprendre plus souvent seules.

On observe aussi le manque de modèles inspirants: toutes les aspirantes entrepreneuses n’ont pas envie de monter une start-up dans la tech, de lever des millions d’euros, de mesurer leur réussite au nombre d’emplois créés. Ainsi, malgré les dispositifs d’aides financières dédiés aux femmes, la moitié des entrepreneuses se lancent avec moins de 8000€.

Et si les femmes sont moins nombreuses à solliciter des financements au moment de créer leur entreprise, elles le sont aussi au cours de son développement. Pourtant elles ont une gestion moins risquée: une entreprise créée par une femme a moins de risque de déposer le bilan.

Difficile, face à cet état des lieux, de faire la part des choses entre ce qui relève de choix conscients, ce qui relève de conditionnements sociaux et culturels et enfin ce qui résulte de discriminations subies.

Mais ce dont je suis convaincue, c’est que les femmes entreprennent à leur manière, qu’il n’y a pas à porter de jugement de valeur, bien ou mal, sur cette manière de faire, mais que c’est, au contraire, en proposant une approche spécifique d’accompagnement à l’entrepreneuriat féminin, qu’on pourra encourager plus de femmes à se lancer!


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